AMARO FREITAS TRIO

JEUDI 28 AVRIL 2022 à 20:00

Ces dernières années, le trio formé par le pianiste Amaro Freitas, le batteur Hugo Medeiros et le bassiste Jean Elton sont devenus de véritables ambassadeurs du jazz brésilien. Leur force? Avoir réussi à délicatement mélanger les musiques traditionnelles de leur pays et la grande lignée des pianistes percussifs, de Thelonious Monk et à Art Tatum. Car tous ceux qui ont déjà écouté les précédents opus de natif du Nordeste (Sangue Negro et Rasif) ont pu voir à quel point le garçon dégageait un incroyable alliage de puissance et de délicatesse.

Au cours de sa tournée européenne, l’artiste fera une escale à Marseille qu’il ne faudra pas manquer.

Dans son jazz, on retrouve la funk, la samba, le maracatu, le frevo mais aussi certaines énergies très hip-hop à l’image de son fascinant morceau « Cazumbá ».

Son dernier album « Sankofa » est sorti le 25 juin 2021

Avec Sankofa, le pianiste mêle jazz et rythmes afro pour rendre hommage à de nombreuses figures noires de l’histoire brésilienne. Un album mémoriel et spirituel.

 

AMARO FREITAS : piano
JEAN ELTON : contrebasse
HUGO MEDEIROS : batterie et percussions

Lieu :
Le Cri du Port
8 rue du Pasteur Heuzé
13003 Marseille

Tarifs : 18€ / 15€ / 8€ (Adhésion saison 2021/2022, 10 euros)

Tout comme 20 % de la population de Recife, au nord-est du Brésil, Amaro Freitas est issu des bidonvilles. Cet ambassadeur du jazz brésilien demeure très attaché à sa région natale, où se trouve la première synagogue de toutes les Amériques. Plusieurs cultures s’y sont côtoyées et mêlées, qu’elles soient héritées des populations autochtones, des Européens, et bien sûr des Africains. Encore aujourd’hui, le rituel du maracatu y est célébré, en hommage au roi Kongo. Le jazz d’Amaro, fidèle aux traditions de son Pernambouc natal, témoigne de toute cette diversité.

Suite au succès de son album Rasif, sorti en 2018, Amaro s’est produit en Europe et aux Etats-Unis, laissant ainsi sa propre trace dans des clubs de jazz mythiques. Sa tournée lui a néanmoins confirmé la prégnance des stéréotypes : « Je me souviens des applaudissements la nuit, dans une ville en Europe, et des regards discriminatoires pendant la journée. » Au Brésil, il se remémore : « Je suis arrivé pour jouer dans un endroit et une personne m’a demandé si j’étais le type qui porte le piano. »

C’est fort de ces expériences qu’Amaro Freitas s’attèle dans ce nouvel album à démanteler le racisme, en puisant dans les histoires oubliées de figures inspirantes du Brésil noir : « J’ai travaillé pour essayer de comprendre mes ancêtres, ma place, mon histoire en tant qu’homme noir. Le Brésil ne nous a pas dit la vérité sur le Brésil. L’histoire des Noirs avant l’esclavage est riche de philosophies anciennes. En comprenant l’histoire et la force de notre peuple, on peut commencer à comprendre d’où viennent nos désirs, nos rêves et nos souhaits. »

Sankofa

Le nom de l’album renvoie ainsi à un symbole adinkra représentant un oiseau, nommé Sankofa, dont la tête est tournée vers l’arrière, qui était utilisé par les Akans du Ghana et de Côte d’Ivoire. Amaro explique : « Le symbole de l’oiseau mystique, qui vole la tête en arrière, nous enseigne la possibilité de revenir à nos racines, afin de réaliser notre potentiel pour aller de l’avant. Avec cet album, je veux apporter une mémoire de ce que nous sommes et rendre hommage aux quartiers, aux noms, aux personnages, aux lieux, aux mots et aux symboles qui viennent de nos ancêtres. Je veux célébrer d’où nous venons. » Signe du destin ou simple coïncidence, Amaro découvre ce symbole lors d’une foire africaine à Harlem, quartier de New York dans lequel de grands pianistes de jazz ont vécu, comme Thelonious Monk ou Art Tatum qui ont été d’immenses sources d’inspiration pour l’artiste brésilien.

Ainsi, aux côtés du bassiste Jean Elton et du batteur Hugo Medeiros, avec lesquels il forme l’Amaro Freitas Trio, le pianiste invite les rythmes de ses ancêtres à rejaillir dans son jazz. Dans « Baquaqua », il nous conte en musique l’histoire de Mahommah Gardo Baquaqua, un esclave d’Afrique de l’Ouest qui, après avoir appris à lire et à écrire, réussit à s’enfuir de New York en 1847. « Vila Bela » est dédié à Tereza de Benguela qui régna, au XVIIIème siècle, sur un quilombo (village marron) où se réfugièrent, près de la frontière bolivienne actuelle, communautés noires et autochtones résistant à l’esclavage.

Le pianiste prône également la préservation de l’environnement avec « Cazumbá », symbolisant l’interdépendance de l’ensemble des êtres vivants. Très animé, ce morceau nous transporte vers une rivière de la forêt tropicale, embellie par des chants d’oiseaux. Amaro se réjouit également de toutes ces luttes avec « Ayeye », signifiant « célébration » en yoruba. Il rend aussi hommage à celui qu’il considère comme une légende vivante dans « Nascimento », en référence au guitariste brésilien Milton Nascimento, avec lequel Amaro avait collaboré sur l’EP Existe Amor : « Ce fut une expérience inoubliable. Milton, c’est l’amour, la légèreté, l’art et la mémoire. »

C’est à coup sûr le projet le plus personnel et abouti d’Amaro Freitas, mêlant différents rythmes afro-brésiliens, de la samba au maracatu, en passant par le frevo, sans oublier le jazz, la funk ainsi que l’héritage musical issu de son éducation évangélique. Tel un sankofa, Amaro dédie cet album au pouvoir de la transmission : « J’aimerais transmettre ce message aux générations futures : Donnons-nous plus de temps, consacrons-nous à des choses plus profondes. Arrêtons de nager à la surface, plongeons. »

The Pan African Music Magazine

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