Présentation & historique

 Le Cri du Port dispose depuis fin 2005 de son propre lieu de création dans le périmètre central d’Euroméditerranée.

Créée en 1981, l’association a présenté des centaines de concerts. Plus de 25 ans de voyages dans l’ensemble des théâtres, salles de concerts, opéra, parcs, musées, cinémas, universités, métros, bars, navires, îles de Marseille… 25 ans d’expériences enrichissantes avant de s’installer en 2005 dans l’ancienne salle du Temple du quartier St Lazare. Des célèbres retrouvailles de Stan Getz et Chet Baker à l’Opéra de Marseille à de nombreuses premières consacrées à la découverte de jeunes groupes régionaux, son action culturelle a permis aux Marseillais de découvrir un grand nombre d’artistes reconnus aujourd’hui pour leur talent.

Le Cri du Port présente désormais la majorité de ses projets dans sa salle de concert qui peut accueillir 135 personnes assises et qui bénéficie d’un excellent piano Steinway. Marseille dispose pour la première fois d’un lieu permanent de création, diffusion, répétition et d’enregistrement consacré exclusivement au jazz.

Membre d’AJC, de Jazz sur la Ville et du réseau TREMA, l’association participe activement au travail de réseau des Musiques Actuelles en France qui entend défendre la richesse d’une musique non académique et qui échappe au grand marché du showbiz.

 

UN PEU D'HISTOIRE...

Le Cri du Port, le lieu de tous les jazz(s), (Association Loi 1901) est créé le 18 février 1981, le Cri du Port est à ce jour l’association qui a organisé le plus de concerts de jazz à Marseille (plus de 1000), notamment à travers sa saison de concerts intitulé « JAZZ MARSEILLE« .

Le nom a été inventé par Christian Ducasse (géographe, journaliste et photographe) et Jacques Menichetti (guitariste, compositeur). Christian Ducasse crée avec ses amis et confrères géographes : Yves Sportis, Elen Bertet, Didier Magnetto, Michel Antonelli (qui en devient le directeur à partir de 1985), Claude Vesco, (guitariste), Jean-Denis Jacquet dit « Finegan » (agriculteur) son premier président, Pierre Roche (sociologue) cette association iconoclaste qui va proposer pour la première fois à Marseille une vrai saison de concerts de jazz avec abonnement et programme annuel présentant des gloires (Stan Getz – Chet Baker Quintet, Lionel Hampton Big Band, Dizzy Gillespie Quintet, Art Blakey jazz Messengers, Archie Shepp) mais aussi des jeunes musiciens tels que Didier Lockwood, AVZ Trio, Egberto Gismonti…

Le Cri du Port collabore pendant trois ans avec l’Association pour le Promotion du Spectacle à Marseille (APSM) et présente ses concerts au Théâtre Toursky, Opéra de Marseille, Salle St Georges, Théâtre de la Criée, premier Théâtre Massalia. En mai 1984 elle devient l’unique association de jazz qui programme régulièrement des concerts de jazz et va coproduire avec Vidéo 13 deux films sur le jazz Chico FreemanEscale à Marseille  et Robin Kenyatta à Marseille, réalisés par le cinéaste Alain Dufau.

Les membres fondateurs Christian Ducasse qui commence une carrière nationale de photographe et Yves Sportis qui deviendra le rédacteur en chef puis patron de la revue Jazz-Hot, partent pour la capitale, Michel Antonelli (secrétaire général de la Scène Nationale de Martigues et programmateur musique du Festival Populaire de Martigues, pigiste culturel à la revue Viva, animateur radio jazz,) toujours épaulé d’Elen Bertet, Claude Vesco mais aussi d’Yves Delgoffe (géographe), Lidia Thys, poursuivent l’aventure en s’affirmant comme une véritable structure culturelle bénéficiant enfin de premières mais légères subventions.

L’essentiel des concerts se déroulent alors à l’Espace Julien, (Wayne Shorter, Georges Coleman, Quest, Chicago Blues Festival, Buddy Guy – Junior Wells, John Scofield, Mingus Big Band, Jim Hall Ray Barretto), au Théâtre de l’Escoutille (Roy Haynes Quartet, Ultramarine, Monica Passos, Bireli Lagrene solo)  à la Maison de l’Etranger ( Ray Anderson, Abercrombie/Erskine/Johnson, Pau Brasil, Johnny Copeland, Egberto Gismonti ) et aussi à la Cité de la Musique de Marseille à partir de 1992 où Le Cri du Port comme d’autres associations musicales s’installent et contribuent à l’animation de ce nouveau lieu (Dave Holland, Jack DeJohnette, Paul Motian, Chico Hamilton, Bireli Lagrene, Kurt Rosenwinkel, Kenny Garrett).

Le Cri du Port coproduira quelques albums de jazz avec le label Marseillais Toufou Production qui servira de tremplin à des musiciens du sud  » Claude Vesco Quartet « Sarong », Bernard Abeille « Baleine et Contrebasse », Bernard Jean  » le Chemin de Sabia »…

En 1992 est créée la Compagnie de Navigation Musicale, collectif de musiciens géré par l’association qui permettra la mise en place de nombreuses tournées et concert en Région Paca. Armel Bour (peintre, graphiste) rejoint le Cri du Port et elle en devient un des piliers, assurant la communication elle participe aussi au développement des futurs projets.

Dans la perspective de la création d’un nouveau lieu dédié totalement au jazz, Le Cri du Port s’installe de 2002 à 2004 dans une ancienne minoterie situé dans les quartiers nord de Marseille. Ce projet prévoit un studio de répétition, un studio d’enregistrement, une salle de concerts de 100 places et de vastes bureau ouverts à d’autres associations, ne pourra pas se réaliser faute de l’accord de la Mairie de secteur. Rebondissant sur ce projet, Le Cri du Port investit en 2004 un nouveau lieu au sein du Parvis des Arts, ancien temple protestant du quartier St Lazare devenu théâtre.

Ce nouvel espace, installé dans l’ancienne salle du culte, accueille 135 spectateurs et permet à l’association de présenter chaque semaine des concerts d’artistes régionaux, nationaux mais aussi de vedettes qui sont ravis par ce lieu convivial et la qualité de l’écoute du public. Entres autres se sont produits entre 2004 et 2016 ; Jacky Terrasson Trio, Wallace Roney Quintet, John Abercrombie Quartet, Dave Liebman, Hadouk Trio et Quartet, Ray Lema, Yaron Herman, Al Foster, Buster Williams- Larry Willis, une pléaide de jeunes guitaristes de la scène new-yorkaise : Nir Felder, Gilad Hekselman, Jonathan Kreisberg mais aussi Jeff Ballard, Gary Bartz, Marc Cary …et a vu notamment les débuts professionnels de la jeune diva Cecil Mc Lorin Salvant.

En mai 2016, Armel Bour, en devient la directrice, épaulé d’un nouveau bureau historique avec Michel Antonelli (président), Elen Bertet (secrétaire), Christian Betti (trésorier)

L’aventure se poursuit avec la perspective de créer enfin à Marseille une véritable scène de musiques actuelles dédiées à tous les jazz(s).

TOUJOURS UN PEU D’HISTOIRE..

En 2011 : L’association marseillaise « le cri du port » fêtait son trentième anniversaire : retour sur les circonstances de sa naissance.

On ne peut pas parler du jazz à Marseille sans évoquer le travail de longue haleine entrepris à partir de 1981 par cette association qui a œuvré pendant trente ans pour que viennent régulièrement s’exprimer dans cette ville les jazzmen les plus  significatifs des différentes époques qu’elle a traversé.

Rares sont ceux qui connaissent les circonstances précises dans lesquelles le Cri du Port a vu le jour, seuls quelques initiés en connaissent l’histoire, à commencer par l’origine de ce nom pour le moins insolite…

Il fallait bien en cette fin des années 70 deux personnages aussi inspirés que Christian Ducasse, futur photo-journaliste  et Jacques Ménichetti, déjà musicien, pour trouver un nom aussi particulier ; au cours d’une soirée pluvieuse, les deux compères inventent ce nom inoubliable  (Le « port » se substitue in extremis au « porc ») pour désigner une association qu’ils ont en projet de créer avec quelques amis. Le caractère  surréaliste du nom s’impose, sauf que, à y regarder de plus près, il évoque bien Marseille (le port) et le jazz (le cri). Cette démarche fait suite à la création d’une association de musiciens en 1975; à cette époque, Menichetti, bassiste de son état  joue de plus en plus souvent dans le Sud-Est dans des groupes en tant que remplaçant ou titulaire, il crée avec deux autres musiciens une association, « Sud Musique Expression » qui a pour but d’organiser des concerts. Il s’agit aussi de protéger les musiciens dont le statut fragile les expose souvent à des dérives de la part d’organisateurs ou d’employeurs sans scrupules, ce souci pour la défense des musiciens restera d’ailleurs une constante dans la carrière à la fois riche et chaotique de Jacques Ménichetti, musicien, compositeur, vidéaste.

Vers 1976 des étudiants marseillais se sont liés d’amitié à Aix, en fac de géographie, grâce entre autre à l’intérêt qu’ils portent en commun au jazz et au blues; font partie de cette bande : Christian Ducasse, Didier Magnetto,  Michel Antonelli, Yves Sportis Ellen Bertet et Jacques Menichetti qui mène de front des études et son travail de musicien professionnel. Un peu plus tard, en 1981 à Marseille, Ducasse qui a terminé ses études et Gilbert Auclair (alias « boogie ») qui tient un petit magasin de disques sur le cours Julien discutent beaucoup de jazz et aimeraient bien aller plus loin, organiser des concerts.

Christian Ducasse passe à l’acte en créant en février 1981 le Cri du Port dont le premier président sera Jean-Denis Jaquet et le trésorier Pierre Roche, tous deux étudiants en sociologie, puis en organisant au Théâtre Tourski le 1er mars 1981 un concert du quartet de Didier Lockwood. Quelques amis viennent à cette occasion  l’aider comme Sam (Roger Simi, qui fut un des premiers employés du Pelle-Mêle) et Yves Sportis. Dés le mois de mars l’équipe est un peu plus étoffée, les amis de la faculté de géographie rejoignent Christian Ducasse ainsi que quelques autres, Hocine Tafer, Claude Vesco, à la fois photographe et musicien de jazz, devenu inséparable de Ducasse depuis 1978, tous deux écumant concerts et festivals de jazz et se constituant des archives précieuses ; apparaîtront bientôt Lidia Thys, Yves Delgoffe. Ainsi est né le Cri du Port .

Faute de posséder une expérience significative dans  l’organisation de concerts, les militants du jazz du « Cri du Port » vont  s’allier pour quelques temps à une autre association, l’APSM (association pour la promotion du spectacle à Marseille),  déjà en activité et cherchant à se professionnaliser dans l’organisation de concerts. Cette alliance va durer de 1981 à 1984. Les concerts organisés par les deux associations seront labellisés « Jazz Marseille »

En ce début de décennie 80, le jazz dans le Sud-est est dans une situation d’abondance paradoxale; de nombreux festivals présentent au cours de l’été des programmes très riches, Nîmes, Nice, Salon, La grande Motte, Saint Rémy, Châteauvallon se sont lancé depuis plusieurs années dans des programmations qui font appel aux géants du jazz encore en vie ou en activité, aux bluesmen mythiques ou à l’avant-garde du jazz; Marseille par contre n’a pas mis en place de festival de jazz et comme le reste de l’année voit se raréfier les tournées significatives, on reste sur sa faim dès la fin de l’été. Seul Georges Mory, producteur indépendant propose deux à trois fois par an à Marseille des concerts intéressants. C’est dans ce vide relatif que Le cri du Port va intervenir en produisant des concerts de jazz en dehors de la période estivale.

Un article signé par Michel Castel paru dans le quotidien « la Marseillaise » du samedi 9 octobre 1982 présente le programme « jazz Marseille » des deux associations pour la saison 82/83 en abordant aussi le contexte dans lequel se place la programmation du jazz  dans cette période:

« L’APSM et le CDP se sont associés l’an dernier pour mettre en place plusieurs concerts de jazz qui ont de par leur succès comblé un vide plusieurs fois dénoncé dans ces colonnes. Leur démarche pour cette nouvelle saison s’inscrit toujours dans l’ouverture à tous les courants, de l’avant-garde au « swing » le plus classique. Il est à noter que les concerts, faute d’une salle (ou de salles) de spectacles appropriés à la musique sous toutes ses formes à Marseille, doivent se dérouler en des lieux différents… »

Dans la région marseillaise, le Hot-Brass et le Pelle-Mêle, deux lieux dédiés au jazz ouvrent leurs portes dans la même période mais s’inscrivent dans une démarche commerciale qui donne toute sa place à la notion de rentabilité. Pour coller à une époque qui n’a pas encore totalement érigé le cynisme en règle de vie, il ne manquait que des militants pour défendre une musique au nom de la diffusion de la culture plutôt qu’à celui du business : Le Cri du Port va occuper ce créneau (pour les premiers concerts, chaque bénévole de l’association paye même sa place…)

Dès les premiers concerts organisés par Le Cri du Port et l’APSM, et malgré les difficultés matérielles et financières, la fréquentation confirme l’intérêt du public pour cette démarche; personne ne sait alors que longtemps après, en 2011, seraient soufflées les bougies du trentième anniversaire du « Cri du Port » fort des centaines de concerts qui ont été produits pour la plus grande partie sous la direction de Michel Antonelli sur trois décennies d’existence. L’association aura investi tour à tour le Théâtre Axel Toursky, l’Opéra de Marseille, la Salle Saint-Georges, La Criée, l’Espace Julien, la Maison de l’Etranger, la Salle Mazenod,  le châpiteau le Stadium, l’Espace Massalia, la Cité de la Musique de Marseille, et présenté aux marseillais le gotha du jazz mondial.

Février 2011, d’après l’article de Claude Vesco paru dans Jazz Hot, corrigé par les souvenirs de Christian Ducasse, Jacques Menichetti et Michel Antonelli.