Note d’intention de Frank Cassenti à propos du film Changer le Monde
J’étais loin d’imaginer qu’en réalisant « Je suis jazz c’est ma vie », un film sur Archie Shepp au débutndes années 80, cette rencontre serait à ce point bouleversante et marquerait le début d’une aventure humaine et cinématographique qui aboutirait à la réalisation aujourd’hui de « Changer le Monde ».
La musique d’Archie Shepp est chargée d’une histoire douloureuse faite de rires et de larmes. Son chant est tout à la fois un cri de révolte et un cri d’amour pour traduire le rêve du pasteur Martin Luther King « I have a dream ». Le rêve d’un autre monde.
J’aurais mis 40 ans pour réaliser ce film musical à deux voix qui traverse le temps et l’espace et témoigne de l’oeuvre d’un géant de la musique africaine-américaine en perpétuelle révolution. « La musique a toujours accompagné nos luttes » témoignent dans le film les musiciens d’Afrique du Sud, du Brésil et d’ailleurs, et il ne s’agit pas que du jazz mais de toutes les musiques, des tambours des Caraïbes aux chants des poètes de la résistance. Ce film réalisé à partir de centaines d’heures de tournage depuis les années 80 est un travelling musical, un carnet de route qui relate les rencontres déterminantes de ma vie de cinéaste, au Maroc, aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, et bien sûr au festival Jazz à Porquerolles, sur cette île encore protégée, où tous ces artistes se retrouvent pour reprendre le chant d’Archie Shepp et « guetter l’Aurore, qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent » (Robert Desnos).
A écouter l’émission l »heure exquise sur Radio Grenouille, consacrée au Film Changer le Monde et son réalisateur.
L’Heure Exquise #16 : Changer le monde, de Frank Cassenti